La création de FEELIN’S9 par Emmanuel Pi Djob

 Feeling’s9 est né d’un rêve fait au matin du 1er janvier 2018.

Le rêve d’un groupe vocal de femmes qui chantent.

Dit comme cela, ça semble n’avoir aucune originalité.

Dans mon cœur et ma tête, l’originalité vient cependant de la différence que je fais entre un groupe de chanteuses (il y en a pléthore) et un groupe de femmes qui chantent.

Chanter la vie, sa vie en utilisant le chant comme un moyen, non comme une fin.

Chanter à sonder ses forces et ses faiblesses, apprendre à les accepter et les assumer, pour mieux accepter et assumer celles des autres chanteuses.

Chanter pour toucher l’âme : la sienne d’abord, celle de l’autre ensuite.

Chanter comme un chemin pour amener les auditeurs et spectateurs à autre chose que le chant : le partage et l’échange au sens premier du terme, parce que chaque concert est ponctué par une vraie rencontre du public avec chacune des chanteuses et leurs univers et centres d’intérêts au delà du chant.

Chanter comme on porte la vie, à bout de bras, à bras le corps, en pleine conscience de chaque mot et chaque silence exprimés.

Le nombre de neuf (9) femmes est symbolique.

Déjà dans la tradition de la tribu Bassa dont je suis un des princes, et bien entendu dans l’espace temps du féminin autant physique, physiologique, que sacré.

Peux-tu nous éclairer sur le nombre 9, un symbole dans la tradition de la tribu Bassa ?

9 est le chiffre sacré dans la tradition Bassa.
Dans les rites d’initiation, il y a 9 degrés avant la réalisation, l’illumination.
9 mois de gestation humaine.

Quitte à créer un groupe de femmes, je tenais à ce qu’il ait un lien profond avec ma tradition ancestrale. C’est comme un sillon sacré, et une connexion avec la Femme Essentielle.

Le choix des chanteuses s’est fait par affinités, développées par de vraies rencontres nées au fil des années.

La musique, les textes, les harmonies, sont écrits en connexion avec la personnalité et la sensibilité des femmes chanteuses, dans un souci de justesse du sens de ce qui est à exprimer.

Même si le mélange des voix fait entendre des harmonies complexes, l’idée est de ne pas céder à la tentation d’arrangements  « jazzy »

Cela doit sonner populaire, simple, et laisser toujours la part belle à ce qui est signifié.

Je suis heureux qu’à la cinquantaine passée, mon pôle féminin ait fait éclore en moi ce projet artistique et humain, qui transcende la musique que je crée.

Heureux d’accompagner 9 femmes reines dans cette aventure de vie.

Qu’entends-tu par ton pôle féminin ?

 « Mon » pôle féminin est cette partie de mon être qui, additionnée et unie au pôle masculin, me rend complet, équilibré.

Dans ma compréhension, le pôle féminin est celui de la force absolue, de la puissance absolue. Son complément le pôle masculin est celui du sens qui permet de féconder, ensemencer la force féminine.

Tout être vivant possède au minimum ces deux pôles, donc ce n’est pas « mon » pôle, mais un des éléments constitutifs des humains, hommes ou femmes.
Je tiens à préciser que je ne suis pas « « féministe » au sens où on l’entend aujourd’hui, c’est-à-dire comme une posture socio-politique.

Pourquoi et comment s’est-il développé ?

Il ne s’est pas « développé ». Tout être humain, homme ou femme possède ces deux pôles. Il en devient conscient ou pas, les assume ou pas.

Ce n’est pas un don, pour imaginer qu’il puisse se développer. C’est ce qui nous constitue, tous.

Maintenant il y a des personnages dans ma vie qui m’ont rendu plus sensible à cette partie de mon être : mes grand-mères, ma mère, ma sœur et toutes les femmes fortes, qui sont fortes justement en assumant leur féminité.