MAKSOUD Karez joue du saz et chante dans le trio MUJGÂN.

MUJGÂN nous invite dans un univers musical qui s’étire d’Istanbul à Kashgar. Entre compositions et pièces traditionnelles, cordes, voix s’entremêlent et dessinent les contours d’une poésie orientée qui invite à la transe, la frénésie ou la contemplation.

 Qu’est ce que le rituel Sama ?

 Le Sama est un rituel basé sur le chant, la danse, la musique et le silence.

L’audition qui est le cœur du Sama renvoie à l’écoute du son primordial qui est comme l’écho de la présence divine dans  ce monde. Dans une séance de Sama, chaque individu participe d’un tout qui s’articule autour du sacré dans le rythme et les modes musicaux orientaux.

Cette façon de vivre la musique est intimement reliée à la notion de hâl ou état intérieur.

Le hâl se cache dans l’émotion musicale et les images poétiques chantées pour permettre une ouverture du cœur qui alors comprend les choses sans passer par le discours. C’est l’âme qui est touchée et qui s’harmonise au moins, l’espace d’un instant, avec ce qui l’entoure et ce qui l’habite.

On parle alors du zawk, le goût, qui est donné par le makâm, le mode musical et le niveau de conscience qui lui correspond. Le but n’étant que de révéler l’unité, l’harmonie qui structurent, relient toutes les choses et tous les êtres.

Qu’est qui m’a amené à suivre cette voie ?

Qu’est qui m’a amené à suivre cette voie ? C’est toujours une question intéressante pour moi car ça me renvoie tout de suite à une notion très importante qui est : « Où commencent les choses ? »

Il faut bien décider à un moment…à quel moment on va partir ! Pour moi tout a commencé à travers le corps. Ma première formation a été celle de danseur en danse contemporaine et classique.

A travers les années de formation et de pratique professionnelle dans les années 80, j’ai rencontré un maître marocain Ismaël Smouni, avec qui j’ai fait un travail corporel dans un cadre sacré. C’est lui qui m’a fait rentrer pour la première fois dans les confréries soufies au Maroc. Là bas, j’ai rencontré et contacté des gens qui m’ont transmis, à un certain niveau, comme on dit là bas dans les confréries « la baraka » une sorte d’initiation qui se fait très simplement mais qui est très profonde et qui m’a été donnée par Moqqadem Driss Lamrabet

A partir de là ce goût m’est toujours resté. Je suis revenu plusieurs fois au Maroc. C’est à partir de là que j’ai plongé dans l’étude de la musique orientale. C’est avec ce maître que j’ai étudié aussi la musique iranienne.

C’est ce par quoi j’ai commencé.

Au fur et à mesure des années, j’ai vraiment souhaité approfondir la pratique musicale parallèle à la danse et c’était un appel irrépressible. Totalement irrépressible. Sans doute dû aux milieux soufis que j’ai connus au Maroc dans les confréries.

Plus tard, j’ai rencontré un grand maître de saz turc, Talip Özkan à Paris avec qui j’ai commencé à étudier, ce qui m’a amené en Turquie et à tracer ma route à travers différentes formes du soufisme en Turquie, surtout à travers l’art et la musique. Un moyen d’expression qui me parlait profondément. J’ai toujours senti que l’art reliait le cœur et une certaine forme de pratique spirituelle. Au moyen Orient, la poésie, la musique, l’art fusionnent avec la quête spirituelle.